Le Portail du Flatcoated Retriever

Le retriever à poil plat … son arrivée dans l'héxagone.

par Marion Le Rigoleur – Aline Baron - article publié dans la Revue du Retriever Club de France 

Difficile de dire comment et quand exactement le retriever à poil plat à fait son entrée dans l’hexagone.

A la fin du XIX^e siècle, beaucoup de membres de l'aristocratie française fréquentaient assidûment les îles britanniques et leurs chasses. C'est certainement par ce biais qu'ils ont pu découvrir ces formidables auxiliaires de chasse, et ramener dans l'hexagone quelques spécimens dès 1880. Une recherche rapide sur le net permet de trouver que le premier flatcoated retriever inscrit au LOF le fût en 1934 : Iack de Sandricourt. Comment le premier flatcoated aurait pu être inscrit en 1934 alors que de nombreux spécimens de retriever à poil plat furent importés des îles britanniques au tout début du XX^e siècle ?

A flatcoated.info, nous avons commencé nos travaux de recherche à la bibliothèque de la Société Centrale Canine, dont la responsable Dorothée Fabre, et Marie Ratiarson, documentaliste, nous ont très gentiment ouvert les portes.

Avant 1882, il n'existait aucun recueil des chiens de races en France. C'est à cette date, que Léon Crémière, directeur du journal « Le Chenil » édite sous l'égide de la Société Centrale pour l'Amélioration des Races de Chiens (fondée en 1881), un ouvrage appelé Stud Book Continental des Races Canines et recensant à la fois les chiens primés aux expositions de France, Belgique, Suisse, Hollande, et Allemagne chaque année mais également listant ces chiens de races. Dans le tome 2 (1883) et le tome 3 (1884) on retrouve la trace de quelques retrievers sous l’appellation « chiens du labrador » ou « retrievers de tous poils » ou encore « retrievers à poil lisse (wavy coated) ».

Et l'on comprend qu'à cette époque les différentes races de retrievers n'étaient pas encore bien identifiées.

1885 voit la création du tout premier livre des origines français manuscrit, que l'on peut admirer à la médiathèque de la Société Centrale Canine.

Simultanément, le LOF est imprimé sous forme de « volumes ». Les 17 premiers volumes imprimés du livre des origines français, correspondant aux années 1885- 1930 et aux numéros 1 à 47000, sont consultables à la médiathèque de la SCC à Aubervilliers.

A partir de 1930 et jusqu'en 1934, les volumes sont imprimés mais ne sont plus reliés de manière solide. L'année 1934 voit la mise en place de la nouvelle numérotation et du classement par race. Les volumes du LOF seront encore reliés et imprimés jusqu'en 1961 (aucune information sur la période 1936-1945) et il faut se rendre aux archives de la SCC à Evreux pour pouvoir les consulter.

A partir de 1976, le LOF prend la forme d'un listing informatique et depuis 1980 environ, les chiens sont entrés dans la base de données utilisée actuellement.

Le premier chien inscrit, le 11 mars 1885, est un griffon d'arrêt français, du nom de Marco.

Dans cette première forme, tous les chiens étaient inscrits à la suite les uns des autres, sans classification particulière. Si sur le livre manuscrit, la généalogie de chaque chien apparaît sous forme de tableau, sur les éditions imprimées, il en est tout autrement : on retrouve le nom du chien, sa race, son propriétaire, sa date de naissance, son producteur et son ascendance sous une forme qui n'est plus guère utilisée de nos jours.

Sur l'illustration ci contre, nous pouvons voir que Ardgowan Bess a pour père Ben of Balmaha et pour mère Finlaystome Nell, qui a elle même Leecroft Prince pour père et Lescroft Nellie pour mère, cette dernière ayant pour père Unity et pour mère Tosca Rival. Plus bas est détaillée l'ascendance de Ben of Balmaha. Autant dire que la lecture des pédigrées sous cette forme nécessitait une certaine gymnastique de l'esprit !

Et la gymnastique ne s’arrêtait pas là puisque les chiens étaient inscrits lorsque leur propriétaire ou producteur le décidait. Ce qui fait que pouvaient  être inscrits en même temps des chiens d'age différent. Par exemple, Trixie de Sandricourt, née en 1920, est inscrite en même temps que sa première portée avec Dashing Dan en 1922.

Enfin dernière difficulté dans la consultation de ces volumes du LOF, tous les chiens ou portées ne figurent pas sur la table des matières par race, si bien qu'une recherche exhaustive oblige à une lecture page à page.

Le tout premier flat inscrit au LOF est très probablement Brutus, né le 21/05/1885, inscrit sous le numéro 573 comme étant un « retriever à poil ondulé ». Suivent un « retriever à poil crépu », probablement le premier curly inscrit, Black Prince, puis un « retriever à poil frisé » Old Nick, pour l'année 1886, et une portée de retriever à poil frisé pour l'année 1889.

Il faut attendre 1900, pour voir à nouveau un retriever à poil ondulé inscrit au LOF. Il s'agit d'une femelle, Miss Jette, inscrite sous le numéro 7690. En 1903, une portée de retriever à poil ondulé, née chez Léon Thome (Elevage du Breuil) occupe les numéros 7909 à 7916.

Rip du Breuil (n°11108), né chez Léon Thome également, est le premier chien a porter l'appellation  Retriever à poil plat. Il est le fils de Miss Jette.

Le premier chien à être inscrit sous la race Flatcoated est Creetown Start, une femelle, importée d'Angleterre et appartenant à Louis Tabourier et reproduisant sous le préfixe Bold. Et l'on retrouve ainsi parmi les propriétaires de ses premiers retrievers à poil plat inscrit au LOF, beaucoup des membres du tout premier comité du Retriever Club de France fondé en 1911.

Nous avons tenté d'établir un relevé des premiers retrievers à poil plat inscrits. Il apparaît que M. Goëlet a beaucoup œuvré pour le flat au sein de son élevage de Sandricourt. Nous avons eu la chance de pouvoir, grâce à la magie des rencontres, accéder au livre d'élevage de Sandricourt, ce qui nous a permis de recouper les informations relevées dans le LOF. Et découvrir de nombreux résultats de concours de beauté et field trials de l'époque.

Et aussi de trouver quelles différences et bizarreries... La cynophilie balbutiante manquait encore un peu de rigueur … et les chiens changeait de nom autant de fois que de propriétaire.

Ainsi, on trouve dans le livre de chenil de Sandricourt la trace d'une chienne nommée Dream qui si l'on se réfère à son numéro de LOF, 37920, est en fait Dreamer de Ferrières, produite par le Baron E de Rotschild et appartenant à Walton Goëlet.

Cette même chienne apparaît sur le livre de Sandricourt dans le pédigrée de Isac, retriever à poil plat, né le 13/09/1934 et portant le numéro 8 Ret. FC . 1, qui dans la version imprimée du LOF devient Iack de Sandricourt... dont la grand mère paternelle se nomme Dream de Sandricourt.

Relevé des premiers retriever à poil plat